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dernière mise à jour le 14 mars 2019

cet article en espéranto : 2019 : Internacia Jaro de Indiĝenaj lingvoj

2019 : Année Internationale des Langues Autochtones

Autrefois, on parlait d’indigènes, aujourd’hui le mot est insultant, on parle donc d’autochtones. Depuis des décennies, l’UNESCO tire la sonnette d’alarme face aux langues qui disparaissent et invite à célébrer la Journée Mondiale de la Langue Maternelle. En 2019, ce sont les Nations Unies qui célèbrent les langues autochtones et à travers elles la diversité culturelle « afin d’attirer l’attention sur elles, pas seulement dans l’objectif d’en faire bénéficier les peuples utilisant ces langues mais aussi pour que les autres apprécient l’importante contribution qu’elles apportent à la riche diversité culturelle de notre monde ».

En Provence, nous avons tous à l’esprit la disparition du provençal qui n’est plus langue maternelle, même si des militants continuent à l’enseigner, à organiser des rencontres, des forums, et à éditer par exemple l’Almanach.
En 1882, Jules Ferry décide que tous les enfants de France iront à l’école. Bonne initiative mais la langue d’enseignement est le français. Du coup, toutes les langues régionales (provençal, breton, picard, gascon etc.) sont reléguées « à la cuisine ». Il est interdit aux enfants « de cracher et de parler breton », les enfants coupent le lien avec leurs grands-parents, mémoire vivante d’un style de vie. Le provençal qui a fleuri avec le Félibrige ne sert plus qu’aux travaux des champs, il est mis « hors jeu » de la révolution industrielle. Dans ma famille par exemple, ma grand-mère jurait en provençal quand elle était en colère, mon père pouvait encore parler avec ses cousins paysans, moi j’ai appris le provençal en 6e au Lycée Longchamp avec un professeur bénévole, enseignant de latin-grec qui m’a donné le goût des langues.

« Les langues jouent un rôle essentiel dans la vie quotidienne des peuples, non seulement en tant qu’outil de communication, éducatif, social, d’intégration et de développement, mais aussi en tant que référentiel de l’identité de chacun, de l’histoire culturelle, des traditions et de la mémoire. Mais malgré leur valeur immense, les langues à travers le monde continuent de disparaître à un rythme alarmant ».

Lors du lancement officiel à l’UNESCO, le 28 janvier, Universala Esperanto-Asocio était représentée par Renée Triolle, François Lo Jacomo et Barbara Despiney, ainsi que par le président d’Espéranto-Jeunes. Pourquoi les espérantistes se sentent-ils si concernés par la disparition des langues ? Justement pour conserver la diversité et éviter qu’à travers la langue du pays dominant (l’anglais), l’histoire ne se répète . Comme le provençal a disparu face au français, le français peut disparaître face à l’anglais (calculez le nombre de mots, utilisés en anglais, dans la musique, la publicité, la technologie etc. qui introduisent un mode de pensée étranger jusqu’à ce jour. Sans parler des chercheurs qui ne peuvent plus publier dans leurs langues mais doivent écrire en anglais pour exister).
Il faut noter que seul le ministre bolivien, SEM Diego Pary Rodriguez, Ministre des affaires étrangères de l’Etat plurinational de Bolivie, a osé dire que « la disparition n’est pas un phénomène naturel mais un processus politique ».
D’après SE Mme Zohour Alaoui, Présidente de la Conférence Générale de l’UNESCO, sur les 6 700 langues existantes aujourd’hui, 4 500 sont des langues autochtones et 95% auront disparu avant 2100 ! la langue est la partie émergée de l’iceberg, ce n’est pas la langue qui disparaît, c’est tout un peuple. Mais on n’entend pas le cri d’une langue qui meurt. La colonisation a provoqué des pertes irrémédiables et c’est une autre forme de colonisation (celle des esprits) qui se met en place. « Conserver les langues, c’est conserver le futur » a déclaré SE Igor Barinov (Fédération de Russie, très engagée pour la défense des langues autochtones).
Si l’Amérique du Sud était bien représentée, on notait l’absence de l’Afrique ou de l’Asie, où de nombreuses langues autochtones sont concernées par la disparition.

Tolérance, respect mutuel, échanges à travers la diversité culturelle, développement partenaire sont les maîtres mots.
On croirait définir l’espéranto et ses valeurs humanistes.

Renée Triolle

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